Les Mondes Parallèles

Hadopi : surfez couverts !

Posted: 2 octobre 2010 | | Libellés : , , ,


Les premiers e mails d'avertissement n'allant manifestement pas tarder à arriver dans les boites des personnes n'ayant pas su sécuriser correctement leur connexion, je commence sérieusement à flipper le dauphin.

Non pas parce que je télécharge illégalement de la daube protégée par des droits d'auteurs dépossédés .

J'estime en effet que tout travail ou œuvre doivent être respectés. Hormis pour les créations à libre disposition, où chacun décide s'il veut ou non participer financièrement, il me semble donc tout à fait normal de payer en contrepartie de l'acquisition d'un produit que je souhaite posséder.

Je télécharge quant à moi peu (logiciels ou contenus libres) et très exceptionnellement , j'achète , en ligne ou pas, des œuvres dites protégées. Mais comme la daube est décidément à la mode (j'insiste ,allez sur Deezer écouter ce formidable chef d'œuvre qui est actuellement 1er du top 50 ) et que la culture reste relativement chère, j'achète de toute façon avec parcimonie, en réfléchissant à 2 fois sur l'opportunité d'un achat.

Non, si je flippe (façon de parler) , c'est parce que je trouve que le procédé utilisé , élaboré sous le prétexte de protéger les auteurs, n'est qu'une excuse (légale) déguisée des industries pour faire encore plus de pognon.
Si je flippe, c'est de constater que de plus en plus , des prétextes fallacieux sont avancés pour défigurer la démocratie et la faire glisser, lentement mais surement, vers un état de droit commercial privé.


En effet, tandis qu'une société privée collectera automatiquement  les IP repérées relativement à un certain nombres de fichiers surveillés (vous ne croyiez tout de même pas qu'à raison d'au moins  50 000 téléchargements illégaux espérés par jour, ils allaient faire ça à la main ) et les transmettra sans vérifications approfondies à la Sacem et compagnie qui passera à l'Hadopi (ce qui va nous couter du pognon aussi ), qui devra elle même obtenir les identités des utilisateurs des IP au temps T (identification absolument pas gracieuse dont le cout sera donc supporté par le contribuable voire l'abonné, évidemment)  avant d'envoyer ses courriers ou/et transmettre à la justice (ca y est j'ai fini) , le citoyen lambda, devra lui ,se démerder pour sécuriser son accès pour éviter d'être présumé coupable comme l'exige apparemment tout bon état de droit .

Ce qui demande dans la réalité des connaissances que le lambda ordinaire n'a peut être (surement) pas.
Car sécuriser son accès internet, c'est pouvoir protéger tous les "intervenants" d'une connexion et donc aussi , mais pas seulement, les box des opérateurs qui ne sont manifestement pas à l'abri de tout détournement comme expliqué ici.
Lambda pourra bien sûr se tourner vers son opérateur qui lui donnera quelques conseils utiles mais pas forcément suffisants, lui proposera (moyennant finances évidemment) des solutions pour se protéger de tout sauf des emmerdements ou vers le net qui lui expliquera comment faire, le plus souvent en payant :





Ou gratuitement (si, si ça existe encore ! ).Mais bon, là encore, il faut être un peu initié et ne pas faire n'importe quoi. Car si lambda suit des conseils et qu'il se plante ou que plus rien ne fonctionne après, il va se  retrouver seul, dans le caca et éventuellement sans connexion internet.Vous allez me dire que comme ça au moins le problème est réglé....

Il ne faudra pas en tout cas que lambda compte sur les conseils de l'Hadopi , le site étant en tout cas indisponible à l'heure où j'écris et ce depuis plusieurs heures... Ils ont peut être eu un défaut de sécurisation, eux aussi....

Il ne faudra pas non plus espérer que l'Hadopi l'aide à trouver un logiciel pouvant le protéger puisque selon Eric Walter, secrétaire de la susdite autorité administrative, il n'existe pas.

Selon l'intéressé, il existera sans doute un jour  une liste des fonctions nécessaires à un tel logiciel de sécurisation et il sera proposé des logiciels labellisés.

Par contre, pour ce qui est de la réponse aux questions  " Quand ?"  et   " Combien en plus ça va encore couter ?" , veuillez rappeler ultérieurement.

En cherchant bien, le même Walter indique qu'il n'y aura de toute façon pas de logiciel exonératoire mais que l'utilisation d'un mouchard   logiciel labellisé Hadopi pourra (c'est même pas sûr) être prise en compte par le juge.

Face à toutes ces belles déclarations, Lambda se retrouve donc tout seul comme un con. Car ce qu'oublie de dire l'ensemble des complices concepteurs  de ce magnifique dispositif , c'est que quelqu'un qui s'y connait peut , entre autres joyeusetés:  "Pirater" un ordinateur et récupérer des données sensibles , Pirater un accès wifi , balancer de fausses IP sur les trackers et par conséquent se faire passer pour lambda, voire son imprimante....

Autrement dit, l' adresse IP , qui est à la base du dispositif Hadopi pour déclarer les internautes coupables, n'est pas une donnée que l'on peut protéger à 100 pour cent. Donc elle n'est pas fiable et même si Lambda n'utilise pas de logiciel P2P, son identité sur le web peut donc très bien être usurpée par sa voisine de 90 ans qui, touchant 300 euros de retraite mensuelle, télécharge illégalement tous les albums de Michel Sardou, Mireille Mathieu et Franck Michael qu'elle arrive à choper (faute de moyens, évidemment...).

Ça peut faire rigoler mais si l'on observe les stats de Peerates au niveau des requetes sur le réseau eDonkey, on peut faire vite fait le calcul :



12,20% d'utilisateurs connectés depuis la France sur 228 993 utilisateurs, ça fait plus de 27900 connectés qui doivent en principe savoir (sauf s'ils n'ont pas internet, mais là ça relève de X Files) qu'ils n'ont pas le droit de télécharger du contenu illégal. Le P2P n'étant pas interdit, même si on suppose que la moitié (probabilités obligent) fait des requêtes sur des contenus non protégés, il  resterait plus de 13000 inconscients pirates qui ne remplaceraient  pas leur adresse IP par celle de Lambda, au risque de se faire guillotiner leur accès ? Je n'y crois qu'à moitié quart pas du tout.
Surtout que dans le cloud des 100 termes les plus recherchés, on voit bien "michael".....

Les vieux, moi j'dis, il faut s'en méfier... Ils sont à la retraite, ils ont rien à branler. Ça laisse tout le temps qu'il faut pour s'initier à la programmation réseau avec Javel Java.... Bref ....

Et la méthode hadopiste utilisée , manifestement automatisée, ne semble pas à priori être en mesure d'éradiquer totalement d'éventuels  faux positifs  (apparemment possible néanmoins si on y consacre du temps, ce qui n'a pas l'air d'être le cas dans l'exemple français) , c'est à dire qu'elle autorise implicitement  au finish que certains internautes innocents  puissent se voir reprocher des faits qu'ils n'ont pas commis et qu'ils soient sanctionnés, y compris par une coupure d'abonnement (qu'ils devront néanmoins continuer à payer, tout est prévu pour faire du pognon).

Dans un pays où on a aboli la peine de mort et qui se targue d'être la patrie des droits de l'Homme, je trouve, toutes proportions gardées, que c'est un peu fort de café et limite contradictoire dans la mesure où internet est aujourd'hui un acteur incontournable en ce qui concerne l'accès à la culture, à l'information et à la vie sociale, professionnelle, économique.Donc à une certaine forme de la liberté.

Alors un innocent condamné, c'est déjà selon moi un innocent de trop (du moins dans mon concept de l'état de droit et de la démocratie) et une porte ouverte à la dérive et à l'arbitraire.
D'autant plus que le lambda innocent, terrorisé de risquer d'être accusé à tort du fait des approximations citées précédemment, peut être tenté de se rassurer en adoptant (toujours moyennement de l'argent) des moyens soi disant sécurisés qui seront un moyen de plus de contrôler, incidemment mais sûrement, le contenu de sa vie privée.

Le téléchargement illégal c'est mal, d'accord.Mais élaborer des dispositifs censés uniquement protéger des droits  commerciaux qui permettent à terme d'atteindre à la vie privée de tout un chacun, c'est très mal.

Quelles sont alors les solutions ? "L'offre légale ! " crient en chœur les hadopistes de la première heure.

Moi je veux bien mais si l'offre légale en matière musicale a un peu évolué en France, elle est loin d'être satisfaisante au regard des lourdes contraintes économiques qu'elle suppose dans notre pays et n'est en tout cas pas adaptée correctement à la demande d'une population qui, en 2008 (soit il y a 2 ans...), comptait déjà 13% de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté. Autant de consommateurs en moins, repoussés par des prix trop prohibitifs pour leur petit porte monnaie et qui peuvent largement être tentés d'acquérir illégalement mais gratuitement les produits qu'un système économique leur interdit peu ou prou financièrement en maintenant des tarifs élevés.

Je dirais même que certains se gavent. Prenons un exemple au hasard, tiens une sortie fraiche, la première qui passe: le dernier album de Maroon Five et quelques sites marchands.
En France , le prix d'appel du cd est de 13,49E chez Amazon , 14,99E à la Fnac . Vous pouvez bien sûr les télécharger via internet, avec un prix qui est le même partout : 9,99E. Mais vous aurez pas le cd, ni la pochette.
Chez Tower (qui offre la comparaison de son prix avec d'autres sites marchands), vous aurez le cd à 12,99$ (9,42E au taux de change actuel) et chez CDWOW à 8,49 livres(9,74E). Passé le caractère de la nouveauté, ce site a tendance à baisser le prix d'environ 2 livres.Uniquement en anglais à l'origine, le site s'est développé et dispose d'une traduction en français. Le cd livré gratos est à 9,99E....
Quand je l'ai découvert il y a quelques années,j'ai pu avoir le dvd d'alien 4 à sa sortie pendant que tout le monde ici a poireauté 6 à 7 mois au moins. Bon bien sûr il fallait comprendre l'anglais. Mais de la même façon, j'avais pu avoir le dernier cd sorti d'Anastacia à 11E ttc alors qu'il tournait aux environs de 20E dans les bacs français ainsi que des prix imbattables sur les albums de Skunk Anansie.


Si je dis que l'offre légale est loin d'être satisfaisante c'est aussi qu'en matière de films et séries, les sites de vod proposent peu de sorties récentes, contrairement à ce qui se fait outre mer (exemple pris au hasard ici pour Robin des Bois sorti en mai  2010, manifestement indisponible en France sauf à acheter le dvd ou à attendre qu'il soit dispo en location ). On trouve mieux encore, c'est l'absence totale d'offre. C'est le cas par exemple du film 8th wonderland, sorti à la même date que Robin des Bois, qu'on ne trouve nulle part , ni à l'achat, ni à la location, vod ou pas, mais qui , en faisant la recherche sur Google, serait apparemment proposé par plusieurs torrents. C'est même top misère vu que même "La soupe aux choux" n'est pas dispo en vod (par contre il reste "Le Gendarme à St Tropez" si vous voulez...)

De toutes façons, une véritable offre légale digne de ce nom existera sans doute un jour puisque , toujours selon le Walter sus précité, l'offre légale se développera "quand le pillage cessera" (sic).
Façon on ne plus vague de reporter à sine die une hypothétique bonne volonté des ayants droits concernés qui , manifestement, n'ont pas l'air de vouloir y mettre de la bonne volonté (faut les excuser , toute leur bonne volonté est déjà concentrée sur l'augmentation de la taxe sur les copies privées ...et oui, encore !....). 

Alors quel est le moyen pour surfer sur internet en toute sécurité sans risquer de se faire accuser de faits qu'on a pas commis ?

Eric Walter (décidément... c'est toujours les mêmes....) indique qu'il y a "mille moyens" de sécuriser son accès et , entre autres, d'éteindre son ordinateur (vérifié à la 80ème minute du pod radio) , Mme Imbert Quaretta (présidente de la Cpd) de mettre son ordinateur dans son placard dans le cas où il y a des enfants à domicile.
Quand je vous dis qu'on n'est pas aidés....

Heureusement qu'il existe encore des moyens gratuits de  s'informer, de comprendre , de rester vigilant et parfois même de rigoler.
Et à défaut de savoir quoi faire pour sécuriser son accès , on peut néanmoins se consoler en choisissant, au cas où, une réplique de son choix dans  l' excusotron .
 
En ce qui concerne les pirates, ils vont e tout cas pouvoir dormir tranquille puisque, outre le fait qu'ils disposent des connaissances suffisantes pour ne pas être repérés , ils n'intéressent pas Hadopi, Madame Imbert Quaretta  ayant manifestement fait savoir  que la cible du dispositif n'était pas les pirates, trop forts, mais les autres.... (cqfd : les vaches à lait qui n'ont pas un bac + 50 en programmation informatique....).

Enfin, concernant les députés (qui ont dit oui à hadopi et donc permis les inepties d'aujourd'hui), une petite piqure de rappel de l'état des connaissances générales sur le b.a -ba du sujet à l'époque où les dispositions étaient en discussion devant l'Assemblée:



Tiens, ça m' déprime tout ça.....
J'vais aller me r'monter le moral en me matant l'intégrale des Bisounours en streaming via un vpn congolais à l'aide d'une IP spoofée appartenant à la Si-Aïe-é......


2 commentaires:

  1. Rico a dit…
  2. Excellentissime ! Comme d'habitude (et encore, là, j'ai pas participé à l'écriture du post ! Mouarf !)
    Certains on résolu le problème de posaient les enfants en présence d'un ordinateur en mettant directement les enfants dans le placard au lieu du pc... On devrait faire de même avec le gouvernement... Vivement 2012 !

  3. Nostradatus a dit…
  4. Ce qui serait fendard c'est que des enfants des participants à l'élaboration d'Hadopi se fassent pécho (dans un placard) à télécharger à donf des contenus illicites et que cela fuite (dans un canard). Je serais mdr....
    Bah 2012, il parait que c'est l'année de la bouse.. J'sais pas si c'est une bonne nouvelle en soi....